mardi 8 novembre 2011

L'appel à l'indignation de Pierre Bergé


« Il faut être celui qui surprend et pas celui qu'on attend ». Voilà ce qu'il faut retenir de l'intervention (un brin moralisatrice) le 25 octobre, du compagnon d'Yves Saint-Laurent à l'Université de la Mode de Lyon.
Le monde de la mode doit à Pierre Bergé la mise en place de l'Institut français de la mode. Il a instauré cet institut pour mettre en avant le pilier principal de l'édifice de la mode : la création. Les trois autres étant la gestion, le marketing et la communication.

Pierre Bergé a été un des premiers, avec Yves Saint-Laurent à faire partie de la Chambre syndicale des couturiers et des créateurs qui regroupe des jeunes talents et des « personnalités marginales » (telles que Lagarfeld, Rykiel, Kenzo …) .



« Ne soyez pas des jeunes vieux, méfiez vous des leçons de morale. »



Aujourd'hui, il doute de l'efficacité d'une telle communauté. D'une part à cause du manque de considération et de respect qu'apportent les gens à la création (sans exclure les créateurs) et d'autre part à cause de l'état d'esprit actuel. Pour lui, l'utopie est, justement, une idée qui se démode. Les nouvelles générations d'artistes manquent d'utopie, selon Pierre Bergé. « Si on ne croît pas à ce qu'on espère, les choses ne se passent pas. » Il trouve aussi que ces générations manquent de pensées révolutionnaires. En vantant Chanel (et ses premiers pantalons pour femmes) et Yves Saint-Laurent, ses références les plus précieuses, il illustre la différence entre l’œuvre et le geste artistique. L’œuvre est passive, le geste artistique est actif, il habille, il change les gens et laisse une trace dans la société. 
« Quand j'aime quelqu'un ou quelque chose, je le défends avec mauvaise foi. »



Pierre Bergé est un passionné. Un homme qui respecte beaucoup et qui admire surtout. Pour lui, seuls deux créateurs étaient à la hauteur : Chanel et Yves Saint-Laurent. Ce faux moralisateur ne défend d'ailleurs pas le parcours scolaire classique, il encourage même à sortir du chemin. « Le parcours classique c'est comme une autoroute. Et sur les autoroutes, on s'ennuie, il y a des limitations de vitesse... C'est souvent mieux de prendre les chemins de traverse. » Il incite à lire Stéphane Hessel, Indignez-vous et il trouve que la jeunesse manque de hargne, de réaction. Ce qui est plutôt justifié.




Malgré le paradoxe entre son discours un peu gauchiste et l'accessibilité limitée à la haute couture, la conférence a fait sensation auprès des étudiants de la mode, qui ont plus apprécié la passion qui anime l'homme d'affaire.

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